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Les écrits

Il ne faut pas s’arrêter a mi-chemin 
 
par Zsolt Bayer 
paru dans Magyar Nemzet, le 1 octobre 2002 
 
László Salgó*, préfet de la police hongroise – autrefois je-ne-sais-pas-quel-type d’agent secret – retient pour problématique le fait que la population va à manifester. En plus, elle y va en grand nombre, souvent et en plusieurs endroits. D’après László Salgó, préfet de la police hongroise – autrefois je ne sais pas quel type d’agent secret –, il faut hausser la durée du temps de prévision, presque triplement, afin que la police puisse mieux s’informer préalablement sur « l’avis de l’organisation représentative ou du tribunal concerné, à savoir, si la manifestation mettrait à un risque important le fonctionnement de ceux-ci ». Car, d’après László Salgó, préfet de la police hongroise – autrefois je ne sais pas quel type d’agent secret –, « il serait possible d'interdire les manifestations publiques dans la proximité des bâtiments qui abritent certaines organisations représentatives (notamment le Parlement) et tribunaux (comme par exemple le Tribunal Suprême). » (Je cite ces mots après le Népszabadság.) 
C’est une conception impeccable, mais, à mon avis, László Salgó, préfet de la police hongroise – autrefois je ne sais pas quel type d’agent secret – ne devrait pas s’arrêter à mi-chemin ! Si l’on interdit, défend, empêche et proscrit, comme on faisait pendant les années ’70 heureuses (quand les membres de « l’opposition ennemie » tenaient des réunions contre le régime), qu’on le fasse comme il le faut. Qu’il y ait de l’Ordre ! 
Tout d’abord, ça ne suffit pas d’interdire les manifestations devant le Parlement, il faut empêcher aussi celles qu’on ferait devant les sièges des partis gouvernants. Puisque les partis gouvernants font des efforts, eux aussi, pour la construction du socialisme (ou mieux, dans l’avenir le plus proche, ça sera plutôt la social-démocratie – János Kádár et Anna Kéthly** représentant le même courant, bon Dieu !), sans repos : il est donc parfaitement inutile de les déranger avec des manifestations. Dès aujourd’hui il ne sera permis de manifester que devant les sièges des partis d’opposition, une corde autour du cou.  
Il faut, en outre, supprimer de la liste des lieux idoines pour les manifestations aussi la parcelle no. 301 du cimetière publique, pour ne pas importuner la commémoration calme et sublime des anciens bourreaux et des camarades des anciens bourreaux ; il n’y a pas donc aucun besoin de la présence provocante des victimes et de leurs proches. A mon avis, il faudrait supprimer aussi l’endroit de la veilleuse Batthyány, puisque il est trop proche du Parlement et il était d’ailleurs un lieu emblématique, vers la fin des années ’80, des réunions anti-régime, tandis qu’il est tout à fait évident qu’aujourd’hui il n’y a pas besoin de réunions anti-régime. 
Car c’est dans le cadre d’élections libres que le régime est revenu. 
Il ne faut non plus manifester tout le temps près de la statue de Petőfi : il faut céder cet endroit au Maire de Budapest, qu’il puisse se protéger la-bas avec le parapluie, s’« il pluie brun ». A mon avis, il faudrait, tout simplement, désigner pour les manifestants anti-gouvernement l’endroit de la voie no. 3 de la gare de Rákosrendező***, où ils ne pourraient gêner personne.  
En outre, il faudrait finalement formuler aussi des règles générales concernant le nombre des participants légitimes d’une manifestation. On ne peut pas laisser circuler tellement de monde, comme ça, sans aucun contrôle, autour de la voie no. 3 de Rákosrendező ! 
Et, lorsqu’on aurait fini cela, il ne nous resterait qu’un dernier problème. A savoir, qu’il sera pourtant trop difficile de deviner combien de personnes iront à participer à une manifestation. Pour cette raison, il paraît nécessaire d’établir un réseau d’agents secrets afin de découvrir les intentions de l’opposition. Des émissaires camouflés pourraient s’installer de nouveau dans les bistrots, aux points de rencontre des penseurs d’opposition, dans les sièges des partis d’opposition, et dans les toilettes publiques. 
Juste comme aux temps, où les membres de « l’opposition ennemie » faisaient ses réunions anti-régime. 
Cette dernière tâche sera particulièrement conforme aux capacités de László Salgó, préfet de la police hongroise. (Autrefois je ne sais pas quel type d’agent secret.) 
 
 
 
* L. Salgó a reçu le charge de préfet de police de la Hongrie pendant l’été 2002, ayant été nommé par le nouveau gouvernement « social-libéral ». Quelques jours plus tard, des documents sont parus dans la presse qui démontrent qu’il avait travaillé, avant 1990, pour la police secrète de la dictature. Il a lui-même reconnu d’avoir opéré en qualité d’émissaire secret, mais il n’a pas trouvé ce fait incompatible avec son charge actuel… 
 
** Référence à une autre nouvelle, parue dans la presse hongroise quelques jours avant, selon laquelle le Parti Socialiste Hongrois (MSZP) considère la possibilité de changer de nom pour devenir « Parti Social-Démocrate ». Il est pourtant clair, que la direction de ce parti est composée toujours de politiciens qui ont construit leur carrière parlementaire grâce à leurs services rendus au régime dictatorial communiste pendant les années ’70 et ’80. 
János Kádár était le leader communiste de la Hongrie du 1956 jusqu’à la fin des années ‘80. Après les sanctions brutales conséquentes à la révolution du 1956, il a graduellement « adouci » les moyens du terreur, en conservant cependant toujours un système fortement antidémocratique. Son parti, le « Parti Socialiste Hongrois des Ouvriers » (MSZMP) était le dépositaire de toute sorte de pouvoir et précurseur du Parti Socialiste Hongrois (MSZP) actuel. 
Anna Kéthly était une représentante emblématique de la vraie tendance social-démocrate en Hongrie, contrainte à émigrer après la révolution du ’56, justement à cause des persécutions communistes des années ‘50. 
 
*** Rákosrendező est le nom d’un faubourg et d’une petite gare périphérique de Budapest, où se trouve aussi un petit musée de locomotifs anciens.
 

 

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Modifié en dernier lieu le 12.10.2002
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